Varanasi mon amour – Inde

Ta beauté crue a renversé mon coeur ému
L’impermanence de la vie jeté en pâture à mon ignorance volontaire pour l’experience d’un limage d’ego en règle

Benares ma jolie,

Merci juste merci !
Pour la leçon de vie
Pour l’ancrage dans mon coeur des enseignements
Pour l’opportunité de mieux les appliquer
Pour l’épiphanie savourée

L’occasion de dissoudre un peu d’égo dans l’océan de l’interconnexion

 

Benares a dissout mon identite pour mieux la reformer

Varanasi te montre que tout n’est pas orienté autour de toi,
Ici tu ne contrôles plus rien, ici tu n’es plus le centre.

Et c’est ce qu’il exactement s’est passée. Arrivée à 4h00 du mat’ après un voyage en train épique mais tellement enrichissant je me suis fait arnaquer au soleil levant par des prêtres à l’offrande qui exigent plusieurs milliers de roupies pour la prière. En entendant la somme demandée, je me suis levée, j’ai reposé les fleurs et l’encens sur le sol et je suis partie en expliquant que mes aïeux décédés n’ont pas besoin d’un salaire entier pour profiter de la bénédiction de Shiva. Ils m’ont couru après quelques longues minutes avant de rebrousser chemin en ralant. J’ai eu peur. Il m’a fallu une bonne heure de contemplation du levé pour me remettre des mes émotions.

Il n’ont pas arnaqué Charlotte, il n’ont pas couru après Charlotte. Ils ont tenté leur chance avec une touriste aux revenus 100 fois supérieurs aux leurs, ils ont couru après leur fierté blessée de trouver de la résistance à leurs croyances manipulées.

Après les 48 heures de trajet déjà accumulées dans les pattes, le chemin n’est pas terminé, il me faut encore retrouver ma guest house dans le labyrinthe varanasien. On m’a déposé à l’entrée de l’Université, la deuxième plus grande du pays. Plusieurs kilomètres carrés et une seule indication pour ma destination « Le département de littérature français ». Evidemment pas de panneau, ni de carte.

Dans la fraicheur du matin, je pars à l’instinct. Le sac se fait lourd sur les épaules qui portent déjà la fatigue d’être aussi loin de sa zone de confort. Je demande de l’aide au premier étudiant souriant, et me voilà repartie dans une aventure tourbillonnante à l’indienne, sans queue ni tête…  Le jeune homme est interne en médecine, après 1 heure de visite du laboratoire de bio chimie, j’essaye de faire comprendre que je doit reprendre ma route et chercher le département de français, mais il m’a embarqué et ne veux plus me lâcher. Evidemment il répond que oui oui il va m’y accompagner mais je perds patience quand il m’emmène vers les paillasses de biologie moléculaire.

Je suis fatiguée, le train est arrivé en avance, j’ai été malade pendant le trajet, un tête à tête avec le toilette peu recommandable, le rickshaw m’a déposé à l’entrée de l’Université pas devant le département de français, on a essayé de me tirer 5000 roupies pour trois pétales de rose dans un torrent d’immondices sacrées qu’on appelle ici Ganges et qui est recouvert de touristes en barque et de fleurs échouées après l’offrande.

Je vois tout en noir
Je m’écroule sur le trottoir.
Le monde est contre moi…
Univers, allez, aide moi !

Le visage aveuglé par les larmes et le coeur noyé de colère. Je ne met pas d’image sur la voix masculine qui me hèle de derrière et propose de m’aider, m’attendant encore à être victimisée par l’univers et Varanasi, je refuse d’un geste de la main. Mais l’homme insiste, c’est un vélo rickshaw que je rechigne à prendre car c’est inhumain de les laisser pédaler pour nous… Mais si on ne les utilise pas, ils ne mangent pas… Dilemne duel… Je finis par monter à l’arrière tout en refusant de sourire à cette aide. A grosse goutte de sueur sous la chaleur et à coup de pédale bancale, il m’emmène. Cet homme au pied mangé par la maladie, à l’âge fatigué par ses rides tracées sur l’injustice de sa caste sociale a encore la force de sourire, de m’escorter à bonne auberge sans rien dire sur ma si laide humeur.

Donc moi je me trouve victime d’un complot international parce que ma guest house est longue à trouver ? Mais lui ne se considère pas comme une victime, il sourit constamment. C’est une question de point de vue. Ton point de vue c’est la seule chose que tu pourras toujours contrôler me soufflera-t’il.

J’ai limé mon ego en le frottant à la pierre polie de tes gaths

On voit le monde principalement à travers nos propres hallucinations. Nos propres illusions construites par cet egocentrisme. Celles qui nous poussent à croire que nous sommes au centre de la vie, de tout, de nous.

Varanasi, l’épiphanique, te montre que non, tu n’es pas le centre ! Bénarès t’explique (plus ou moins violement) que le centre du monde ben … c’est le tout. Le centre c’est ce tout que tu vois, hume, entend, touche, et goute autour de toi.

Tu fais partie intégrante de ce tout que tu sens vrombir mais avec ou sans toi, tout tournera.

 

 

Tu es présent, tu es, tout simplement.

Varanasi se fera le reflet de ton être tel qu’il est vraiment avec ses parts de beauté et de sombre.

Te faire réaliser ça, c’est le rôle que ce sont donnés tous les stimulis autour qui vont faire vaciller tes limites internes.  Mais attention à ne pas tomber dans le jugement de la ville la plus spirituelle d’Inde.Tout ce que tu jugeras là bas fera écho aux mêmes brisures en toi. Varanasi va secouer ton ego, malmener ton mental et tes croyances de ce qui est « normal » ou pas, « agréable à regarder » ou pas, sacré ou pas, tabou ou pas…

 

Varanasi va t’apprendre à voir la beauté partout, dans chaque frémissement de vie car qui la perçoit là bas, la verra tout autour.

J’ai senti l’encens de la spiritualité derrière l’odeur ocre de tes morts

Mais ne te trompe pas de recentrage ! Varanasi est connu pour ces crémations, le centre de l’attraction touristique ici. Même si ça leurs airs ésotériques attise la curiosité, ce qu’il faut regarder ce n’est pas le bûcher, ce n’est pas le corps sans vie, ce n’est pas la tristesse brandie en flambeau d’adieu, ce n’est pas la cendre de chair qui s’envole, ce n’est pas la procession qui porte la mort au milieu des échos de rires d’enfants ce n’est pas le premier cri qui annonce la vie à la porte d’à côté.

Ce n’est pas l’effervescence ennivrante qu’il faut contempler. Il faut réussir à s’en imprégner pour identifier ce qu’il se passe au dedans de soi.

Les boutons que ces situations poussent en nous, les émotions qui remontent, les blocages qui s’imposent, les jugements, les réactions… Utiliser cet éparpillement de milles sollicitations pour se recentrer sur l’essence « Qui suis-je ? » L’identifier et le relativiser au centre de ces milliers d’autres « Qui sont » aussi tout autour de nous.

Nous sommes les flots du Ganges, les sourires des enfants, les cendres humaines s’envolant, le cri de douleur du fils, les larmes émues de la mère. Nous sommes le bois des barques, les pétales en offrandes, la fumée de l’encens, les clin d’oeil des marchands. Nous sommes les déchets qui s’écument sur la rives, les bougies allumées sur le sol, les traits à la craie colorée, nous sommes la nudité du Sadhou encendré, le charas qui se consumme dans les shilum, le klaxon de l’auto, la pédale du rickshaw, nous sommes les livres de l’Université, le fort de Maharaja de l’autre côté du fleuve, nous sommes la vache sacrée,  le poisson doré et le piercing sur leur nez.

Nous sommes l’immatériel pont entre les rives de l’ignorance et de la connaissance.

Nous sommes humains, nous sommes énergie, nous sommes Varanasi…

 

Tu peux choisir de suivre ton égo, lutter pour ta vision de la réalité, t’attacher à la peur de considérer l’importance de la vérité d’autrui. Tu peux donc rejeter, juger et te fatiguer ou te laisser aller en abandonnant toute résistance à l’idée de vérité unique. Suivre le flot et savourer le plaisir de l’adaptation.

Varanasi va t’apprendre à suivre le flot.
Qui développe l’acceptation là bas, saura ouvrir son coeur.

Après deux semaines à Varanasi, maintenant j’identifie. Varanasi, grâce à toi, nous pouvons expérimenter un face à face avec notre mental. Tu nous permets d’identifier la différente entre vérité du coeur et parole d’esprit. Soulever le voile de l’ignorance sur les processus internes. En chacun d’entre tes voyageurs tu sèmes des graines, le travail peut désormais continuer…

 

Toi, plus ancienne ville du monde tu as insufflé ta sagesse millénaire au coeur de mon âme, à moi de la cultiver.

Varanasi je t’aime


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