Soodan (2) Initiation à la philosophie indienne

Portrait de Soodan

Philosophe indien partageant sa vision du monde et des religions

1 an après la rencontre avec Soodan le presque Sadhou, la vie m’offre une deuxième initiation à la philosophie indienne. Je n’avais jamais eu de moyen de contact et perdu tout espoir de le revoir. Le labyrinthe de la ville de Dharamsala m’avait découragé avant même de commencer à le chercher. Et là, au détour d’un hasard sans coïncidence, je le vois marchant au aux côtés de la belle Suzanna. Je saute hors du taxi, cours en criant son nom sur la route. Il se retourne et m’ouvre les bras, sans plannifier je marche à leur côté et tout recommence…

La singularité : religion scientifique qui berce nos premiers pas.

Appelée La Singularité, elle a pour dieu créateur l’univers et comme représentants sur terre les Saints Rousseau, Pasteur, Sainte Marie Curie et autres découvreurs. Les mois prendraient les noms d’artistes fondateurs comme Pascal ou Shakespeare. Quant aux divinités secondaires, sorte d’avatars de l’énergie de l’universelle, elles seraient aux nombres de 3333 et incarneraient les éléments du tableau périodique.

Entre atome et déesse, il n’y a que la matière…

Et d’ailleurs pas tant, il n’y a que de l’énergie noire… Enfin principalement, 64% d’énergie noire pour être précis avec 32% de matière noire et seulement 4% de matière pure, solide, palpable… Et pourtant on est tous omnibulés par ces 4% petits pourcents, si infime partie de la réalité.

Aveuglé par nos sens physiques qui s’acharnent à réduire le monde seulement à ce qu’ils peuvent identifier et classifier…

SOODAN QUI ES TU ?
Il s’écrit depuis une vie dans le livre de ses milles vies

On descend une centaine de marches pour atteindre leur nouveau nid, ce petit paradis tout en bas dans la vallée. On entre chez eux, c’est joli. Il tire directement un bloc de feuilles calligraphiées avec une régularité et une beauté assez incroyables. Il semble y compiler la sagesse d’un homme qui en a déjà vécu 1000, des vies.

 

Fils de prêtre et mariée depuis 26 ans à la belle allemande aux yeux bleus, Suzanne, il a vécu un peu partout et a lu sur presque toutes les philosophies, idées et religions écrites… De Socrate à Baudelaire, on explorera les confins de la littérature qui a conceptualisé la société dans laquelle on vient de se re-rencontrer.

Aujourd’hui il vit pour et par ses mots, écrits et parlés. Il vibre de l’échange et du partage, il aime l’humain sans avoir foi dans ses destins, il a ses raisons… et de bonnes.

Car lui, il sait.

Il sait un peu plus que la plupart des âmes rencontrées, il est animé par l’envie de converser et moi, j’aime passionnément l’écouter.

Suzanne tire une chaise, sort un cendrier et trois tasses de thé, les mêmes biscuits que l’année passée sont déposés prêts à être croqués. Tout retrouve sa place pour recréer l’atmosphère des premiers instants, tellement naturellement Same Same but different. Le menton dans les mains et les yeux perdus entre la vue et les siens, je me tais et j’absorbe le flot de pensées de ce philosophe indien si différent, si inspirant…

A partir de là, ça part dans tous les sens

L’écriture en pleine conscience

L’encre qui a coulé sur les feuilles pour devenir son livre écrit en pleine conscience : le regard tourné vers soi, la concentration rentrée dans la posture de la tortue qui tient le diable éloigné, des mots sortis de l’intérieur introspecté, des idées de soi à soi, sans influence de l’extérieur.

Ne pas écrire pour les autres mais pour clarifier sa propre vérité.

Quand on parle, là il faut filtrer avec une belle intention, alors que l’écrit doit rester l’expression brute de la pensée de celui qui trace l’encre.

L’encre, Akasha de tout ouvrage

L’encre, si importante au développement de la civilisation, sert d’exemple à Soodan pour prouver le non sens de notre réalité.

L’encre, source de tout, origine de toute transmission de pensée inscrite, de tout héritage culturel… du savoir de l’humanité.

Ces normes qui nous permettent de transmettre sont définies à coup de mots conceptualisés et imposés par un système avant même que l’homme ait eu conscience d’exister en tant qu’entité. Pas facile de transcrire des concepts innovants quand on est limité par le sens commun des mots utilisés.

Prenons l’exemple de l’encre me dit Soodan :

L’encre est un liquide, certes comme beaucoup d’autres, noir comme certains et odorant comme pas mal. Alors qu’est ce qui fait de l’encre, de l’encre ? Montrez une tasse à un homme qui n’en a jamais vu et il ne saura conceptualiser le mot. Montrer le mot encre à quelqu’un qui ne l’a jamais lu et il ne pourra conceptualiser ce qui y correspond. L’accord sur leur sens commun des mots est donc essentiel à notre compréhension partagée…

Comment raconter un concept nouveau avec des mots anciens ?

Comment exprimer une pensée révolutionnaire avec un code linguistique conservateur ? Comment écrire le différent avec les mots exclusivement conçus par le système à contourner ? C’est là que l’intérêt du langage renaît !

On se regarde tous les trois sans rien dire, perplexe devant l’énigme sur la table étalée. Je rayonne soudain… une piste de solution… Mes petits mots inventés comme capucharpe ou dévoradorer qui permettent tant bien que mal aux concepts de s’imprimer du papier à la tête du lecteur… Mais comment être sûr de bien transmettre à grande échelle un concept inventé dans la tête d’un individu ? Pas sûre de diffuser l’interprétation parfaite mais l’intention y est… Vous avez compris l’écharpe qui sert aussi de capuchon si entourée autour de la tête ? L’action d’adorer et de dévorer en même temps, par exemple :

« Je dévoradore la vie »
Il sourit en grand et reprend le cours du rien qui occupe tout notre temps présent.

Il sourit car il n’avait pas compris (la langue anglais – français n’aide pas dans cette situation). La morale est qu’il faut :

Prendre du recul et se placer à l’échelle humaine.

Eloigner son point de vue pour sortir de l’interprétation individuelle :

Ainsi, on expérimente le détachement : rien n’est jamais dirigé pour ou contre notre petite personne. Que l’impulsion de départ est toujours en rapport avec celui qui créer l’action.

Ainsi on peut apprendre à s’aimer et aimer les autres pour leurs interactions positives et les pardonner pour les négatives.

Ainsi on reculer non pas pour mieux sauter mais pour prendre le bon chemin, pas forcément dans une direction radicalement opposé à celui que l’on suit depuis tant d’années mais juste commencer par faire un pas de côté.

Un pas de côté pour explorer d’autres horizons, d’autres pensées, d’autres manières de faire et d’autres sentiers de réalisation.

Soodan t’aide avec un coup d’épaule amical, fait basculer ta tête de l’autre côté de la réalité imposée pour savourer le potentiel de tes propres destinées.

 

L’important étant de réaliser le fait d’être en vie.

Il est essentiel de reprendre le contrôle sur nos trajectoires. Tant ne se rendent même pas compte qu’ils vivent, embarqués à vive allure sur les rails du train train, ils oublient de descendre aux arrêts, ils ne pensent même pas à regarder la beauté défiler par la fenêtre. Et quand ils arrivent à la destination finale, à la fin du chemin, ils n’ont toujours pas pris conscience qu’ils étaient en voyage.

En bref, il faut réussir à faire de sa réalité quotidienne un rêve lucide, contrôlé et optimisé au maximum de ses capacités.

C’est ainsi, les non rêveurs. Ils ne savent pas, Ils sont déjà morts comme dirait Khrisna dans la Gita. Tuer ou épargner ? Khrisna a tranché les têtes, moi… J’hésite encore, et ça, il le sent mon cher Soodan, alors sans gêne ni tact il enchaine…

Pas de fausses charité mon enfant, developpons l’instinct du don

Il m’explique… Ne mélangeons pas les trois types s’il vous plait.

Celle qui donne pour recevoir en retour,
Celle qui donne pour être karmiquement récompensée,
Celle, enfin, qui donne sans se rendre compte de la valeur de son action, sans douleur ni effort, avec un naturel déconcertant n’appelant aucune réaction.

C’est ainsi que l’on développe l’instinct du don. Savoir quand, à qui et quoi offrir… Mais la réelle vérité du don est suivante :

« Que celui qui ne veut pas recevoir ce ne soit pas forcé de le faire »

Car une vision de vie misérable en enfer peut se heurter à celle de l’intéressé qui, avec son rien installé bien loin de notre système, vit dans la paix du cœur et prie même pour la pauvreté de nos âmes capitalisées. Respecter dans la dignité le refus de l’aide apportée. Soit parce que le problème n’est pas identifié soit parce que les âmes à aider ont déjà compris qu’à l’échelle de l’univers l’aumône d’une poignée de monnaie ne changera pas la roue à tourner.

Il n’y a pas de paradis, il n’y a pas d’enfer. Ta réalité se construit sur la tonalité de tes vibrations.

Ton enfer peut être ici, tout comme ton paradis.

Elève ton atma, cette énergie sacrée qui évolue en toi et te raccorde au tout, maillon d’une chaîne d’interconnexions serrées et de non-coïncidences à interpréter.

Agis bercé par l’amour et la compassion et tes horizons se couvriront de miracles de vie.

Non pas parce qu’un Dieu créateur voudra te récompenser mais car l’estime de toi rayonnera et éclaboussera les personnes réceptives à ton aura. La connexion se filera et à ton tour, de leur énergie, tu recevras. Mais attention mon enfant, il ne faut pas mêler son énergie avec n’importe qui ! Reste en toi, cultive ce lieu là et tu sauras quand t’ouvrir et offrir un partie de ton atma, sinon fait la tortue.

N’oublie pas de faire la tortue mon petit !

Pour créer le monde, tu sais les dieux et les démons ont battus l’eau des océans jusqu’à créer la vie. La barratte, trop instable, ne tenait pas droite sur la corde tirée de chaque côté par les armées déterminées, elle vacillait sans cesse. Ce n’est qu’après avoir cherché pendant des décennies qu’une carapace de tortue est venue régler le problème. Positionnée sous la barratte, elle supportait avec efficacité le récipient qui resta stable et tout pu commencer.

C’est pareil pour toi Charlotte, tu ris trop ! Tu vis trop en dehors, tu te vides et tu t’épuises en dilapidant ton atma en don énergétique, tu va t’éteindre. Fait la tortue Charlotte, c’est le commencement du tout.

Et là, il me mime la turtle position. Ça va si bien à sa grande barbe blanche et ses rides malicieuses que je ris…

Tu vois, tu recommences me dit-il en froissant les sourcils.

Et là je comprends, enfin… mon approbation riante à sa mimique, il n’en a pas besoin, mon côté bon public, il n’en a pas besoin, mon énergie pour lui montrer qu’il me fait du bien, il n’en a pas besoin… lui, il est déjà bien, mais moi, cette énergie de joie, cette chaleur issue du partage, ce bonheur de l’apprentissage, si je le sorsimméditament en offrande à l’autre, mon atma ne peut pas s’en nourrir, se blotîr à l’intérieur du sentiment s’il est directement partagé dans le vent…

Garde le bonheur le plus longtemps en soi… le principe de la tortue est compris, check et saisit !

Cette dernière réflexion m’a plongé dans le silence, les yeux dans le vide de l’espace autour. Il reprend doucement,

Tu sais écouter toi, c’est sûr ! Mais même dans l’écoute attentive concentre toi plus sur ce qui raisonne en toi que sur les paroles qui sortent de moi. Tu perdras le fil conscient en suivant les échos de mes mots mais tu te reconnecteras au flot de transmission quand il le faudra. Si tu ne portes ta concentration que sur moi c’est obscène, ça ne va pas ! Tu me dévisage et c’est comme si tu rentre dans mon intimité.

Et le rêve dans tout ça ?

Dans l’intimité de la nuit, le rêve nous connecte au corps spirituel, celui qui reste quand tout va, celui qui est l’atma dans sa plus proche forme de la source. Les 4 premières heures de sommeil profond sont reconstructrices et sans rêve.  Là, il s’arrête, il ne sait pas trop Soodan.

Ma question sur les rêves le plonge dans les siens, puis vient tout une série de question sans réponse. Etonnant pour lui qui apporte plus souvent des solutions là où il n’y a pas encore de questionnement.

Ces jolies images projetées dans mes rêves viennent d’où, songées pour aller où ? Elle sont créées par quoi sur quoi ? Mon imagination sur mon mental ? Mon inconscient sur mon esprit ? Mon corps spirituel sur mon corps physique endormi ? Quel est le niveau de conscience atteint quand le corps et les 5 sens physiques sont paralysés et ne peuvent plus brider l’imagination ? D’où viennent alors les concepts ludiques parfois absurdes et souvent couverts de non-sens qui peuplent nos songes ?

Soodan me parle de la digestion d’émotions non contrôlées durant le temps éveillé. De la connexion bien plus élevée avec une connaissance accumulée à l’échelle de l’univers. Il termine l’échange par une question.

L’atma serait-elle là ? Accessible chaque nuit ? La source attendant son humain pour libérer le flot de savoir inspiré ?

Il recommence ! Ma conscience entend, mon mental détache

La compréhension de toutes ces idées résonnent en bribes de sens flouté qui s’agitent dans mon esprit captivé. Je sais que le tri se fera après, la digestion au fil des expériences vécues, tirant sur la ligne du souvenir, les enseignements reçus ici viendront donner du sens à des situations vécues ça et là… Je le sais car ça, je l’ai déjà expérimenté et qu’au fin fond de la Bolivie, du l’Irlande ou du Sud de la France, la voix de Soodan résonne parfois, ça guide et ça me va.

Suzanne, douce et attentive, sourit toujours à ses côtés, apaisant l’intensité de ces moments révélateurs et acquiesçant en silence la transformation mentale de celui qui écoute la source de Soodan.Avec Suzanne, il me raccompagne vers mon ailleurs à moi et il m’enveloppe la tête de sa grande main avec une chaleureuse bienveillance.

Ses yeux perçants tantôt me sourient comme un enfant, tantôt s’enflamment comme un démon devant tant de passion quand il s’énerve contre le monde et ses concepts usagés qu’il dépoussière pour assurer notre liberté !

 

Soodan, presque saddhou et douce Suzanna,
Je vous aime !


Allez viens, sous les étoiles des découvertes on est si bien…

portraits de voyages

Première rencontre avec Soodan : autour d’une tasse de thé improvisée. J’étais partie écouter la rivière couler dans l’Himalaya, j’ai entendu la source du savoir. A chanter Redemption Song de Bob Marley pour le remercier, on apprend à initier la conscience.

Lire la suite