Soodan le presque Sadhou
Portrait – Inde, Dharamsala
Partie écouter la rivière, j’ai entendu la source
« Emancipates yourself from mental slavery ».
Cette phrase, ce concept est devenue si puissant ici, une quête d’authenticité dans ma réalité du moment présent Dharamsalien.
Contexte de la rencontre : Alors que nous partions gambader sur les rochers de la rivière d’à côté, un homme à la longue barbe blanche et au chapeau étonnant tout maigre mais plein de force nous arrête du haut de son balcon. Une petite phrase tellement anodine, qui a pourtant tellement illuminé ma journée, mon esprit, ma vision des choses et de la vie.
Do you want a cup of tea in my house with my wife ?
Des rencontres anodines qui deviennent essentielles, des paroles libérées qui éduquent mon esprit, une vision des choses révélées qui soignent les angoisses de la vie, des mots lâchés qui répondent à mes questions de débutante. Et tout ça au détour de rien, sans prévenir cette énergie rentre dans ma vie, et en ressort avec autant de légèreté et d’évidence. Et on refait l’histoire de l’hindouisme et de ses 3333 divinités, et l’on apprend la signification de « GOD ».
GOD, Generator, Organisator, Destructor. On comprend que tout n’est qu’Un, l’unique qui s’est divisé et caché dans chaque être. Le jeu ? Se retrouver, le retrouver, croire en sa divinité, saisir ce bonheur intense qui grandit en soi.
Mais n’ais pas peur, Brahma ne s’est pas encore rendormi, il aurait presque donné naissance à A-Braham , celui qui n’est « Pas-Brahma » à l’autre bout du monde.
Je découvre une autre version de l’histoire du christianisme, du bouddhisme, des prophètes qui ont défilés prônant tous non pas les religions que l’on connait aujourd’hui mais bien l’unique valable : celle du cœur et de l’amour.
La perception des hommes, le mélange des croyances personnelles de ceux qui ont retranscrit la parole des prophètes, le message s’est perdu dans les abîmes des émotions et des egos pour être rejeté au peuple de manière activiste. Mais la vérité ne serait-elle pas dans la tranquillité, pas de prêches, pas d’institution.
Tu es le message, tu n’as pas besoin d’intermédiaire, tu es une partie de Dieu, il n’y a pas de vérité, tout est en nous, nous sommes une partie du tout.
dit Soudan le Presque Sadhou.
Mais qui est ce sage sorti de nulle part ?
Il est indien, il est peintre, il est philosophe, il a habité en France, 3 ans à Paris, il a vécu en Allemagne, il change d’endroit tous les 5 ans, il est amoureux de Suzanna, une allemande au regard d’une tranquillité apaisée presque perturbante, il a une fille de 15 ans qui boxe, mais Soudan le Presque Saddou est bien plus que ça… Il incarne l’inspiration.
Tu ne comprens pas tout ? C’est normal…
Le flot de paroles ne semble pas toujours censé, mais il ne parle pas à notre mental ni à nos croyances, il n’est donc pas nécessaire de croire ou non car il parle à nos esprits, directement à nos consciences alors peu importe si toutes les phrases sont comprises.
L’essentiel étant d’humer la sagesse qui émane de cet être sorti de nulle part, de la fumée de cigarettes qui dessinent des volutes emportant l’esprit avec elle pour s’élever, de la chaleur du thé Chaï qui réchauffent les cœurs et la douceur des biscuits.
Le décor est posé, au pied des montagnes de l’Himalaya qui nous toisent de leur 5000 mètres d’altitude, nous petits humains en quête de sérénité. Petits également, nous trois français, rassemblés par le hasard de la vie dans ce salon à écouter ce grand homme nous expliquer sa vision de la vie.
A jouer de la guitare et reprendre les paroles de Bob Marley, Redemption Song, « Emancipates yourself from mental slavery » en cœur comme un timide et humble merci pour l’échange extraordinaire partagé ou offert.
Mais rien n’arrive par hasard, on était parti pour écouter la rivière, on a entendu la source.
Soudan, je t’aime
Attend, t’en vas pas… on est si bien là !
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