Lettre à l’âme : ce n’est pas le pays qu’il faut changer, c’est toi

« Ce n’est pas de pays qu’il faut changer mais d’âme » me répétait ma maman, souvent… Cette pensée écrite par Sénèque il y a 24 siècles n’a pas toujours été comprise par l’Humanité. Moi, je ne l’ai jamais vraiment entendue, aveuglée par mon envie de bouger. Maintenant, enfin, je la comprends.

C’est le point de départ de tout. 2017, version vie 2.0

Ce qu’il m’a fallu pour saisir ? En arriver là, dans ces conditions et avec ce vécut :

29 ans d’existence,
25 pays traversés,
10 mois en Inde,
5 mois de voyage en sac à dos en Amérique Centrale,
4 ans après avoir changé de vie pour la liberté irlandaise,
3 ans après avoir fait de la passion du voyage mon métier,
2 ans après mon premier voyage en solitaire et l’annonce du cancer de mon père,
1,5 mois de voyage en Bolivie et Pérou
1 statut de terroriste,
1 voyage à Dharamsala,
Tous ces moments présents…

Je ne suis pas sûre de pouvoir m’exprimer en rendant justice à la puissance de cette prise de conscience, fruit de mes entrailles. Il n’y a pas de mots à mettre dessus, il n’y a pas besoin de comprendre ou de conceptualiser, … L’inspiration parle directement à la conscience en laissant de côté le mental et ses croyances, forgées au feu de la méconnaissance.

Ces ressentis sont apparus comme des évidences dès mes premiers pas en Inde. Révélés ici mais résultats de l’intégralité de mes découvertes accumulées, de mes échecs analysés, de mes succès nuancés et de mes choix assumés… Interconnectés. Au rythme des rencontres, suivant les plus inspirantes pour quelques mois ou quelques heures, la partition de ma vie m’a emmenée ici.

Ici, c’est Dharamsala. C’est là que ma route a croisé des âmes d’une telle bienveillance, d’une telle énergie créative, joyeuse et positive, que tout a pu commencer.

Ou recommencer… mais avec un regard différent.

J’aurais pu parcourir le monde entier sans rien en retirer,  passer tout simplement à côté.

J’aurais pu avoir la même « révélation » dans le désert mexicain, ou percuter dans le fond de mon jardin. Mais c’est Dharamsala qui est venu mettre du sens. Identifier cette fuite effrénée pour ce qu’elle était vraiment et apaiser ce cœur terrifié à l’idée de piétiner sur place.C’est l’Inde qui est venue parler au mental pour lui dire de s’apaiser afin de laisser l’être s’établir.

Je m’étais déjà approchée de cette prise de conscience. J’avais déjà expérimenté ce sentiment de liberté, d’évidence, de bonheur intense et durable en quittant tout pour l’Irlande. Mais  le voile n’a pas eu le temps de céder, petite humaine bien vite rattrapée par ma routine et ce cher mental persistant.

Passage difficile que de réaliser son égarement mais indispensable au pas suivant : sans expérience pas d’enseignement

Je pensais avoir compris l’essence du voyage à travers ces 5 mois à vadrouiller en Amérique Centrale, à créer des souvenirs d’un autre genre . Rite initiatique effrayant que le voyage mais étape essentielle car sortir de sa zone de confort pour identifier sa propre responsabilité c’est en reconnaître l’existence.

Sans expérience pas d’enseignements.

J’ai sût que je savais rien, que tout est à apprendre et que cet enseignement est partout, dans tous les actes, dans l’impermanence de toute chose. On oriente tous nos vies vers la recherche d’une sérénité, d’une douce béatitude, de plaisirs infinis, on est tous en quête du bonheur…

Ce que j’ai touché du cœur ici, on le sait déjà tous ! Cette idée que le bonheur est à portée de main, on l’a déjà en nous, la connaissance, la pratique, tout est déjà là, il n’y a qu’à le réveiller.

 

On l’a tous déjà expérimenté, on est donc prêts pour l’enseignement. Sentir cette vague d’émotions positives dans les moments d’intense bonheur qu’on traverse rapidement plus ou moins souvent dans nos vies. Cet état d’effervescence heureuse où l’on a envie de danser de joie, de sauter partout ou de crier très fort tellement ça nous submerge.

 

Voilà c’est un peu ça. Je crois… mais en plus diffus, en plus présent, plus souvent. C’est ça qu’on cherche et dont je m’approche ici

Une ivresse de la vie pour la vie,

De ce qu’elle est pour ce qu’on en fait, de nous-même pour qui l’on est. Une nouvelle vision qui abolit un bon nombre de limitation.

On se libère de l’environnement pour se consacrer à un « soi » qui devient palpable. Et l’on peut enfin remettre le contexte (con- texte – avec le texte) dans son vrai rôle de décor qui n’a que peu d’influence sur le message essentiel. Pas le sens, pas le ressenti, juste un fond d’écran qui nous accompagne.

On peut alors réincarner le message que l’on veut délivrer aux autres sans se soucier du lieu, juste par le fait d’être nous-même dans toutes les situations. Fidèle à son être, on peut diffuser la joie, rayonner si l’on décide de se concentrer sur les pensées positives. Et c’est petits rayons après petits rayons, c’est la terre qui s’illumine au lever du soleil.

Avant d’entendre vraiment les réponses à la question « Qui es-tu », il faut déjà savoir « Qui suis-je »

Ce n’est pas de pays qu’il faut changer, c’est d’âme. Le point de départ de tout…

Je comprends maintenant qu’aucun guerrillero maya, qu’aucun membre de ma famille, qu’aucun Bouddha, qu’aucun être aimé, qu’aucun levé de soleil, trek insurmontable ou rite chamanique, qu’aucun corps à serrer pour se réchauffer, obstacle à dépasser, pays, argent ou métier, … rien de cela ne pouvait m’apporter ce que je cherchais, et pourtant c’est bien là que je farfouillais pour trouver mes réponses.

J’ai oublié que tout est là, en soi, déjà présent attendant d’être révélé et que c’est en regardant à l’intérieur que l’on peut enfin ouvrir la première page du livre. J’avais oublié de lire l’introduction, me pencher sur le chapitre du « moi » pour commencer par le commencement : cultiver son jardin.

Moi qui suis venue ici, à Dharamasala, chez le Dalaï Lama lui-même chercher mon « moi » intérieur, j’ai découvert qu’il était crucial d’en reconnaître l’existence uniquement pour pouvoir le laisser s’effacer. C’est je crois, la clé pour s’ouvrir authentiquement au monde, aux autres et laisser entrer le bonheur par la grande porte. Se laisser aller, en supprimant les résistances mentales face  à la vie, aux  autres,  à l’amour à donner inconditionnellement. S’autoriser des rencontres débarrassées de la peur de l’inconnu et de la perte pour plonger directement dans une communion des cœurs.

 

Ce voyage intérieur est la clé que je cherchais à travers ma collection de frontières traversées. La réponse était juste là, dans mon cœur trop occupé à se regarder. ,Moi qui suis partie jusqu’en Inde pour me trouver, j’apprends à me perdre dans les vibrations d’un « tout ».

Et ça, ça change tout ! Ma vision du monde, mes ressentis, mes réactions face aux autres et même ma manière de voyager. Face à l’inconnu de la vie, je suis heureuse de savoir que tout reste à découvrir, à approfondir, à pratiquer en toute circonstance.  Comment ? En s’ouvrant réellement à chaque opportunité, en donnant plus qu’en recevant, en rayonnant… La destination, le bonheur réel, est important mais le chemin à parcourir sera tout aussi enrichissant. C’est histoire de discipline, mais celle-là, l’autorité du bonheur, je crois que je suis enfin prête à la suivre quel que soit les voyages qu’elle implique !