30 ans – Portrait d’un bilan

J’ai 30 ans, 10 935 jours et pas de maison, pas d’enfant, pas de moyen de locomotion, pas de crédit, pas d’emploi à l’année mais 6 mois par an pour moi et la liberté qui cours devant… Parcours de vie insignifiant mais déjà si riant poli aux reflets des vôtres et vautrée dans les chemins divergents. Voyageant de l’argent à l’amour, de la moue au sourire, de l’attachement au dépouillement, de l’aiguille à talons aux trous partout. Ces années qui passent sur le calendrier romain, s’impriment sur ma peau et commencent à plisser mes mains, ne changeront rien à la relativité du temps, hors de contrôle, regarde comme il passe vite en riant et si lentement en s’ennuyant !

J’ai tout à apprendre et je commence tout juste à comprendre… Je me suis sentie centenaire à 20 ans, vieille adolescente et désormais éternel enfant trentenaire

Il n’y a pas de chemin à suivre… Tu es le chemin

Vis à l’envers, vis à l’endroit, ne file pas droit et avances toujours vers ces ailleurs meilleurs qui tendent les bras.

Tu viens d’où ? Pourquoi tu n’as pas de « maison » ?

J’ai habité en France, en Irlande, en Inde et bientôt le Pérou, déménagé plus d’une quinzaine de fois et puis arrêté d’avoir une maison, plus de clés au trousseau mais des dizaines de foyers éparpillés où poser mes valises balladeuses. Pas accouchée d’une famille, mais cultivé les connections qui noient en gazouillant mes présents et mes lendemains sous des vagues d’amour et de joie . 30 ans et 30 frontières traversées, des carnets recouverts de pattes de mouches impressionnées par le tout-autour qui défile à ma fenêtre, par les transformations qui dessinent mon être.

 

Dis moi où tu dors, je te dirais qui tu es…

Depuis la couette d’enfance montpellieraine à la communauté hyppieculturelle hymalayenne j’ai taté du sommeil le 15m2 à Paris avant d’investir les bancs de Delhi pour la nuit, enchaîné les hôtels 5 étoiles en Irlande, accroché le hamac en Autriche, niché le sable de Thailande et tenu chaud à la terre de Hongrie, parlé aux puces de lit du Bélize, bercée par les bols tibétains et les sons boliviens, compris que qui ne dort pas n’a pas besoin de chercher un endroit avant de m’écrouler dans des auberges formant la jeunesse sur la route des doutes.

Tu fais quoi dans la vie, quel métier te défini ?

J’ai importé du vin, vendu des alarmes en super-marché de porte à porte pour des contrats d’électricité. Travaillé à la télé, géré une équipe de 5 salariés, fait du conseil en société, communiqué pour des gros cons avariés et établie la stratégie d’une fédération de sport nationalisée !

J’ai cru que mes mots seraient la porte de sortie de ce cercle sans réincarnation d’enfer et damnation, mais j’avais mal compris. J’ai fait du free lance ta dignité par ton clavier pour séduire un lectorat au fort pouvoir d’achat. Je pianote en dialectique, ils cliquent par habitude cyclique c’est la symphonie des devis qui me fait désormais vivre libre.

Experte en mots clés du web, argumentaire de produits mal être décrivant un bonheur à fleur de dentifrice lié à l’épanouissement d’un compte en suisse.  SEO du porno, pâle copie-writer aux allures de rédacteurs j’ai indexé des pages sur des mauvaises syntaxes nourrissant un internet pas net. Ecris sur du rien avec beaucoup trop de mots, pour que google et ses copains algorythment bien leur business placebo, et puis j’ai craquelé, fissuré le rêve auto généré d’une libertélance. Du statut free d’entrepreneur… J’ai tout abandonné pour le call center.

Et là, j’ai buggé, vraiment cette fois le système central a toussoté, bancal, il a envoyé l’ultime l’electro choc. A pic, j’ai terminé ces boulots cablés à la manipulation des innocents idiots par des méchants bobos.  Je ne vaux pas mieux, je suis tour à tour le sot et le vicieux.  Un filtre jetable utilisée jusqu’à la peau des sens, jusqu’à la moelle des idées pour les fixer dans leur tête. Squelette sans épine dorsale je ne peux me tenir droite dans mon miroir de poche. Je vide les leurs en remplissant les miennes, ils gavent leur caddie en vidant leur être, je refuse d’être complice, je plaide coupable, blasphématrice, mais j’arrête là d’alimenter leur vice.

 

De quoi tu vis alors ? 

Faute d’avoir je suis. Depuis je vis, depuis je lis et sans rature timidement j’en vis, depuis j’écris des livres, des blogs en ligne, fait des colloques en Inde et des coloc d’artistes, des recueils de poèmes et des articles sur la bohème, traduit les textes sacrés du yoga tibétain et les secrets de la respiration bouddhiste, monté mon marketing avant gardiste, tempête mes brain storming avec le chamanisme.

Même si je décris encore des villes pour des euros avec le bout de mon stylo ou du micro, je raconte quand même les âmes pour des sourires. J’écris pour moi, j’écris pour toi, j’écrirais plus pour pour eux. Je garde mes cadeaux textuel du coeur pour limer mon ego. Alterité, je refuse de reperdre ma dignité.

C’est la leçon de la trentaine, tu peux être qui tu veux, ton bonheur n’attend que toi. Trouves toi, quelque soit le moyen, pour moi ce fut le voyage car j’avais besoin des yeux d’autrui pour m’apercevoir enfin, quelque soit le moyen… cours au secours d’un destin serein.

Au mois de vie, fais tout ce que t’envie

Les chiffres ne sont que des ronds tracés sur du papier, ils ne parlent qu’à ceux qui y croit

J’ai été bonne à l’école et mal dans ma peau puis sifflée bonne dans la rue et effrayé les patrons bobos, j’ai réussi Sciences Po par erreur sans hasard et refusé cette politique qui n’est que tissu de rien protégeant un bazar illusoire.

J’ai tout balancé par deux fois, refais moultes brouillon du plan, mouché ceux qui n’y croyaient pas, jeté en boule les pages pré-écrites, retenté sans être hypocrite, préssenti l’arrivée des mirages et dessiné mes nouveaux rivages… J’ai tout envoyé à la chasse d’eau de vie pour repenser en plus fluide, en plus intense et authentique…

Et jamais t’as regretté ?

Je me suis planté encore, de destination, de compagnon, de métier, de rêve et d’illusion, mais je me suis pardonnée de m’être écartée… au moins j’ai essayé. Il n’y a rien à perdre à part un peu de temps… Et encore dans chaque desillusion nait une belle leçon. J’ai saisi qu’il faut se placer dans l’amour du prochain et pas dans la peur du crachin connu qui va dans tous les cas te tomber dessus puisqu’il n’y a que des amis qui ne se sont pas encore rencontrés.

Ouvre ton parapluie et offre toi tes coins de paradis, dépose-y ton ennui et vis. Au lieu de maudire la pluie apprend à pré-dire le beau, à priori ton monde n’est que ton reflet de tes propres crédos.

Je recommencerais encore si la vie me montre que je m’éloigne, car rien n’est figé. Le plus dur, c’est le premier pas ! A chaque fois je me suis rapprochée de moi.

Chaque départ tremble de peur et boucle  “Bordel qu’est ce que tu fais encore là !

Le reste est inexorablement magique !
Faire confiance à son instinct !
Prendre conscience de son pouvoir alchimique,
Rien n’est définitif, tout se transforme,
Equivalent, tranche la dualité, rien n’est ambivalent,
Il n’y a pas de hasard mais des échanges polyformes,
Reste positif, suit les signes d’un destin créatif.

Pardonnes toi, rien n’est jamais permanent

Je suis une et je suis mille, moi et toutes celles que tu vois.

J’ai pris des claques et j’en ai donné, j’ai l’air bourge et sans abris, j’ai été overdress et bien mal sapée, je porte des pull à capuche et des robes ceintrée, j’enchaine trench l’été et sarouel l’hiver, je vis à l’envers, je vis à l’endroit, je ne file pas droit mais j’avance toujours vers moi, mon ailleur meilleur. Je médite et je psychédélique, J’ai été admiré et dénigré, on m’a envié à tort et eut pitié avec encore moins de raison, j’ai jugé et été jugée, j’ai appris et transmis, j’ai joué à la riche, j’ai joué à la pauvre, j’ai apprécier le luxe, j’ai dénigré le superflu, j’ai mangé du nutella et rejeté la société de consomation en remplissant mes caddies d’étudiantes de milles et unes arnarques insolentes.

J’ai eu deux vies de femme presque épouses, je déroule une vie de fille qui se transforme à chaque étape et une de sœur dans l’amour de la différence de nos parcours, des milliers de vies d’amis à tisser, quelques nuits d’amante à retenir en souvenir et bien trop de soirées arrosées d’ivresse à ne plus se rappeler. J’ai tenu une maison, eut des évaluations professionnelles, utiliser le harcèlement pour négocier mon licenciement, dîner chez les beaux parents, cotisé seulement 7 mois sur 360 pour une retraite, signé des CDI, des CDD, des contrats d’intérim et des missions freelance…

Et puis j’ai arrêté l’administratif et les papiers, juste la confiance d’être récompensé pour l’échange passé… J’ai commencé à voyager…

J’ai aimé à en pleurer et j’ai été aimé jusqu’au sacrifice entier, j’ai blessé et écorché, j’ai hurlé et je me suis battue, j’ai presque tué et j’ai cédé, j’ai caché, j’ai menti, j’ai protégé, j’ai mordu l’oreiller et la poussière, j’ai brillé et été applaudie, rejetée et moquée, j’ai avancé, toujours… sans m’arrêter et je compte bien continuer.

Ça ne marche pas me répète ton en boucle, ça marche pas dans cette société. Et bien désolé mes chers effarouchés mais je suis une autre preuve que si, que l’humanité vaincra !

Et le futur c’est comment chez toi ?

Quelque soit le reste de la vie impartie, quelque soit la durée des jours qu’il me reste à tenter, je n’abandonnerais jamais le combat vers la liberté, vers le bonheur simplifié,

J’ai réalisé mes plus grands fantasmes de vie, j’ai aimé et j’ai pleuré, j’aime encore, je pleure encore…  Il me reste encore quelques rêves à dérouler, tenter l’aventure en communauté, inspirer au delà des identités avec mes mots, mes actions, mes récits. Voyager et faire voyager, écrire et faire écrire, transmettre ce que le monde m’a donné, soulever le voile chez ceux qui se sentent de saisir la liberté, parcourir encore et toujours le monde et les êtres, les deux pieds sur la route et le regard vers les étoiles.